Benjamin, 24 ans, étudiant en master de finances a décroché un stage dans une banque de la City grâce à ses relations. Crédits photo : SPENCER PLATT/AFP
La crise a accru la ruée des étudiants vers l'entreprise. Pragmatiques, ils cherchent des sociétés connues pour doper leur CV.
Benjamin, 24 ans, a frappé fort pour son tout premier stage. Étudiant en master de finances, il a décroché «un stage d'été en or dans une banque de la City à Londres». Ses copains de promo l'envient. Comment a-t-il eu ce stage? «Parce qu'il connaissait quelqu'un», dit-il. Rien de surprenant! Exigés par les écoles mais aussi de plus en plus souvent recommandés aussi par les universités, les stages d'été s'arrachent. Rien à voir avec le job d'été d'antan qui servait à se payer des vacances au soleil avant de regagner les amphis.
Avec la crise, le stage d'été n'est pas un complément alimentaire. Il doit pouvoir «doper» un CV, bluffer un recruteur, illustrer le parcours d'une personnalité qui babille dans toutes les langues. Tout un art. Au point même que se développe depuis deux ou trois ans un réel «business» du stage . Des entreprises proposent aux étudiants contre quelques centaines d'euros de leur trouver un stage plutôt haut de gamme dans le pays de leur choix. Et les parents, bien incapables de décrocher la lune en Chine ou le jackpot en Russie pour leur progéniture, se laissent convaincre. Thérèse reconnaît avoir payé plus de 400 euros l'an dernier pour que son fils, étudiant en école de commerce, puisse travailler trois mois dans un grand hôtel en Espagne: il n'a été rémunéré ensuite que 250 euros par mois. «Pas de quoi financer ses études mais au moins il parle espagnol couramment», confie-t-elle.
Pourtant, fait remarquer Damien Leblond, directeur associé chez Selescope, une agence de recrutement parisien, «un passage dans une entreprise moins connue et de petite taille a autant de valeur sinon plus qu'un stage dans une entreprise de renom. Car le jeune stagiaire a plus de chances d'y avoir eu des responsabilités, même s'il rappelle que la réussite du stage dépend avant tout de la capacité du stagiaire à se prendre en main dans le monde de l'entreprise». Vrai, estime, Yasmina Haddu-Essom de Studyrama, «les stages courts permettent à l'étudiant de se frotter au monde du travail et d'affiner aussi un choix d'orientation professionnelle». Au ministère de l'Enseignement supérieur, on ne s'y trompe pas. La réforme des universités vise précisément à favoriser les stages courts dès le niveau licence exactement sur le mode des écoles de commerce et d'ingénieurs. Reste à espérer que les étudiants des quelque 83 universités publiques françaises puissent trouver un stage sur un marché déjà bien encombré de demandes. La ruée vers les stages fait rage et ça ne va pas s'arrêter. «Il ne suffit plus de connaître quelqu'un, il faut connaître la personne la plus haut placée et être par ailleurs un étudiant exemplaire pour avoir le droit de découvrir l'entreprise», plaisante une étudiante.
Cet emballement autour des stages ne surprend pas Héla Khammarou, porte-parole de Génération Précaire: «Le stage est devenu aujourd'hui un “produit de luxe”. Car il règne en France une grande peur du vide dans le CV. Alors, les étudiants sont prêts à tout pour obtenir une petite ligne supplémentaire à mettre en valeur.» Les employeurs l'ont bien compris. De 800.000 en 2005, le nombre de stages a explosé à 1.800.000 aujourd'hui. Certains stages sont indemnisés mais pas tous car en deçà de deux mois, les employeurs n'y sont pas contraints. Seuls 10% des stagiaires obtiennent un contrat de travail à l'issue de leur stage. Mais le plus souvent, l'expérience d'un premier stage permet de décrocher… un autre stage. Avant de se jeter dans une course: celle du premier emploi…
Avec la crise, le stage d'été n'est pas un complément alimentaire. Il doit pouvoir «doper» un CV, bluffer un recruteur, illustrer le parcours d'une personnalité qui babille dans toutes les langues. Tout un art. Au point même que se développe depuis deux ou trois ans un réel «business» du stage . Des entreprises proposent aux étudiants contre quelques centaines d'euros de leur trouver un stage plutôt haut de gamme dans le pays de leur choix. Et les parents, bien incapables de décrocher la lune en Chine ou le jackpot en Russie pour leur progéniture, se laissent convaincre. Thérèse reconnaît avoir payé plus de 400 euros l'an dernier pour que son fils, étudiant en école de commerce, puisse travailler trois mois dans un grand hôtel en Espagne: il n'a été rémunéré ensuite que 250 euros par mois. «Pas de quoi financer ses études mais au moins il parle espagnol couramment», confie-t-elle.
«Un véritable atout»
Poussés par des recruteurs qui souhaitent à la fois des têtes bien pleines mais aussi des expériences professionnelles à l'autre bout de la planète, les étudiants sont en outre devenus de plus en plus exigeants. Ils attribuent une grande valeur à la notoriété de l'entreprise dans laquelle ils vont passer quelques semaines. Ainsi, pour Marion, 21 ans, étudiante à Science Po, son stage auprès de l'Unesco a certes été «un moment formateur», mais elle insiste également sur l'image de marque de l'institution qui pourrait lui ouvrir des portes ailleurs. Même son de cloche chez Mathieu, étudiant en master de droits des affaires. Bien que son stage dans un grand cabinet d'avocats new-yorkais «ait été un échec tant sur le plan professionnel que personnel», il a constaté un peu surpris que «l'étiquette de l'entreprise sur son CV a été un véritable atout par la suite». En clair, il vaut parfois mieux aller chercher des cafés pour le grand patron dans une entreprise du CAC 40 plutôt que d'accomplir un stage plus enrichissant dans une PME méconnue. «D'autant, ajoute Loïc, étudiant en école de commerce, qu'on a des cours pour apprendre à valoriser le peu qu'on a fait!»Pourtant, fait remarquer Damien Leblond, directeur associé chez Selescope, une agence de recrutement parisien, «un passage dans une entreprise moins connue et de petite taille a autant de valeur sinon plus qu'un stage dans une entreprise de renom. Car le jeune stagiaire a plus de chances d'y avoir eu des responsabilités, même s'il rappelle que la réussite du stage dépend avant tout de la capacité du stagiaire à se prendre en main dans le monde de l'entreprise». Vrai, estime, Yasmina Haddu-Essom de Studyrama, «les stages courts permettent à l'étudiant de se frotter au monde du travail et d'affiner aussi un choix d'orientation professionnelle». Au ministère de l'Enseignement supérieur, on ne s'y trompe pas. La réforme des universités vise précisément à favoriser les stages courts dès le niveau licence exactement sur le mode des écoles de commerce et d'ingénieurs. Reste à espérer que les étudiants des quelque 83 universités publiques françaises puissent trouver un stage sur un marché déjà bien encombré de demandes. La ruée vers les stages fait rage et ça ne va pas s'arrêter. «Il ne suffit plus de connaître quelqu'un, il faut connaître la personne la plus haut placée et être par ailleurs un étudiant exemplaire pour avoir le droit de découvrir l'entreprise», plaisante une étudiante.
Cet emballement autour des stages ne surprend pas Héla Khammarou, porte-parole de Génération Précaire: «Le stage est devenu aujourd'hui un “produit de luxe”. Car il règne en France une grande peur du vide dans le CV. Alors, les étudiants sont prêts à tout pour obtenir une petite ligne supplémentaire à mettre en valeur.» Les employeurs l'ont bien compris. De 800.000 en 2005, le nombre de stages a explosé à 1.800.000 aujourd'hui. Certains stages sont indemnisés mais pas tous car en deçà de deux mois, les employeurs n'y sont pas contraints. Seuls 10% des stagiaires obtiennent un contrat de travail à l'issue de leur stage. Mais le plus souvent, l'expérience d'un premier stage permet de décrocher… un autre stage. Avant de se jeter dans une course: celle du premier emploi…
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